Les vitraux « Mauvernay » de la nef, côté nord
Ces vitraux que certains trouvent moins beaux sont effectivement composés avec des couleurs plus ternes. Ce traitement en effet faisait partie de la pratique, de la tradition et du savoir-faire des vitraillers qui mettaient sur le côté que le soleil n’éclaire pas des couleurs moins flamboyantes. Néanmoins les personnages présentés n’en sont pas moins remarquables. Notez aussi que les signatures sont variées. Les éléments floraux, tout en haut, ne sont pas semblables.
On l’a déjà dit, un seul des vitraux de la nef n’a pas d’étoiles. C’est celui qui se trouve au-dessus de l’emplacement actuel de la chorale et qui, contrairement à tous les autres, présente sur les deux panneaux une unique scène avec trois personnages. Le seul vitrail de l’époque qui a une structure différente de celle de tous les autres !
Il s’agit de la présentation de Jean (le Baptiste) au temple avec sa mère Elisabeth et son père Zacharie qui était prêtre chargé de l’encens. On peut utilement relire le premier chapitre de l’Evangile de Luc.
En descendant l’allée, des saints assez curieusement regroupés par deux selon des rapprochements surprenants mais somme toute assez logique.
D’abord, en regardant les panneaux à gauche puis à droite, Saint Anselme (1033-1109). Evêque et docteur de l’Eglise, il fut moine avant d’être archevêque de Cantorberry. Il sera exilé à plusieurs reprises pour s’être opposé au roi d’Angleterre sur des questions d’indépendance de l’Eglise face au pouvoir (ceci explique peut-être qu’il tienne en main un bateau). Théologien et philosophe au vaste rayonnement, il laissera une œuvre considérable en particulier sur l’existence et le désir de Dieu.
A ses côtés, Saint Austregesile (551-624) évêque de Bourges et dont les reliques ont été à plusieurs reprises déplacées dans la région dans des conditions assez rocambolesques. Il donne à manger à des animaux, les bénit et tient en mains, outre sa crosse, une coquille Saint Jacques. Une rue de Sainte Sigolène porte son nom, ce qui souligne l’importance qui lui est donnée localement où il était vénéré particulièrement par les paysans.
Ensuite Saint François de Salles (1567-1622), le seul des docteurs de l’Eglise à avoir écrit en langue française. Il fut chargé par l’évêque de Genève, réfugié à Annecy, de prêcher dans une partie de la Haute Savoie actuelle, acquise au protestantisme la contre-réforme catholique. Il deviendra lui-même évêque de Genève et fondera avec Sainte Jeanne de Chantal l’ordre de la Visitation. Il nous est présenté ici en réflexion et en prière à côté d’un contemporain, Saint Charles Boromée, qui fut un exemple pour lui.
Saint Charles Boromée (1538-1584), neveu du Pape Pie IV qui l’a appelé à ses côtés. Saint Charles Boromée prendra une part prépondérante dans la reprise du Concile de Trente et dans les décisions qui y seront votées. Nommé archevêque de Milan, il crée l’un des premiers séminaires et n’a de cesse de se déplacer dans son diocèse pour la cause de la Réforme Catholique.
Les vitraux suivants nous proposent des figures bien différentes.
A gauche, Sainte Germaine Cousin de Pibrac (1579-1601). Orpheline de mère très jeune, chétive, maltraitée, pauvre bergère, elle accepte souffrances et humiliation avec patience en trouvant son réconfort dans la prière et le chapelet. Elle est patronne de la Jeunesse Agricole Féminine (JACF), un mouvement bien oublié aujourd’hui.
Sainte Geneviève, enfin, (420-510) connue pour être la patronne de Paris, de la police et de la gendarmerie. Sa présentation ici ne correspond guère à l’image que nous en avons.
Très jeune, elle prend le voile et mène une vie de prière et d’abstinence. Mais elle sait intervenir auprès des parisiens pour contrer les invasions ou conjurer la famine. Ses reliques ont été partiellement détruites à la révolution mais restent vénérées sur ce que tout le monde appelle « la montagne Sainte Geneviève » qui domine Paris.
Une belle galerie, vous avais-je dit sur laquelle on pourrait dire encore beaucoup de choses.
Nous passerons prochainement côté Sud.