Chapitre 2 : Auxiliaires et bienfaiteurs de l'Eglise
I- Les vicaires
Il ne s’agit pas ici d’étudier en détail le parcours du vicaire qui, entre nominations, mutations et promotions, connaît beaucoup de rebondissements. Nous concentrons notre analyse sur le positionnement et les fonctions de cet assistant dans la paroisse.
A- Une charge placée sous l’autorité du curé.
Sitôt sorti du séminaire, le jeune prêtre voit arriver le temps du vicariat. Cette première expérience de l’existence ecclésiastique le confronte à la tutelle du curé. Face à lui, le vicaire ne dispose que d’une étroite marge de liberté et d’initiative. Dès lors, le sort de ces auxiliaires est tributaire du comportement et de la bonne volonté du maître des lieux.
Les jeunes prêtres sont nommés par l’évêque comme l’atteste la prise de possession du vicaire JALADE en 1889 : «Les soussignés composant le bureau des marguilliers de la paroisse de Sainte Sigolène, certifient que l’abbé JALADE Hippolyte, né le 31 mai 1836, nommé vicaire de la paroisse par Mgr l’Evêque du Puy le 10 novembre 1889, a été installé en cette qualité le 16 novembre».
Par ailleurs les vicaires n’ont droit ni au logement, ni à aucune indemnité de logement. La loi autorise le curé à loger les vicaires au presbytère. A Sainte Sigolène, les deux vicaires établis en 1893 sont placés en pension chez le curé BADIOU. Dès son installation, le vicaire est sous l’autorité du curé.
Le statut de vicaire n’est qu’une étape dans le cursus clérical. Si ses supérieurs ecclésiastiques reconnaissent ses mérites personnels, le vicaire peut devenir par la suite desservant ou curé. Le vicaire LHERMET qui officie à Sainte Sigolène de 1883 à 1888 est nommé curé de St Pierre Eynac. Le prêtre ARSAC, vicaire de 1887 à 1902, se verra confier la cure de Vals-le-Chatel.
B- Fonctions et rétributions.
Dans une paroisse, le vicaire est en charge des tâches secondaires : le catéchisme, les prêches dominicaux hors des grandes fêtes, la préparation des cérémonies, les derniers sacrements portés aux mourants éloignés du bourg, ... La paroisse de Sainte Sigolène a conservé un écrit du curé BADIOU datant de 1896 où le Us et coutumes de la paroisse sont répertoriés. Ce petit fascicule nous éclaire sur les fonctions précises des vicaires :
«Le vicaire de semaine : il fait les baptêmes, accompagne les convois au cimetière, administre les malades qui n’ont pas de confesseur désigné, fait le service de ses confrères empêchés, dit la messe les jours où il n’y a ni office et enterrement, prend l’étoffe et la chape aux enterrements de 3ème et 2ème classe (Mr le curé officiant toujours aux enterrements de 1ère classe). (.....) Le jeudi, la messe chantée et consacrée aux défunts de la paroisse, est dite par le vicaire de semaine."
Avec le curé, ils assurent à tour de rôle le catéchisme pour les enfants préparant la communion. Lorsque les mariages doivent se célébrer de bon matin, «c’est le vicaire de semaine qui bénit les futurs époux». Il assiste aussi à la procession des Pénitents.
Au début du XIXème siècle, le traitement du vicaire n’est pas assuré par l’Etat ; le Concordat ne lui accorde ni traitement, ni l’assurance de l’inamovibilité. Cette dépense incombe aux "Fabriques" (association de gestion) qui, en cas d’insuffisance, peuvent réclamer des communes une subvention pour assurer une partie ou l’intégralité du traitement. L’article 40 du décret du 30 décembre 1809 fixe la rémunération du vicaire dans une fourchette de 300F à 500F. Progressivement, l’Etat prend en charge la moitié du traitement des exécutants ecclésiastiques et alloue 500F de traitement aux vicaires. Sous la Restauration, une augmentation relative est décidée. En 1821, le traitement s’élève à 600F puis à 700F en 1830. Les paroisses n’ont plus le droit d’exercer un recours contre les communes pour les autres dépenses du culte, y compris le traitement des vicaires.
Le 13 mai 1820, le conseil municipal arrête que «le supplément au traitement de messieurs les vicaires demeure fixé à la somme de 500F». Cet appoint versé par la municipalité à titre de «libéralité», illustre la sympathie portée aux ministres de la religion catholique. A partir de 1880, le «subvention votée par le conseil municipal ou imposée à la commune» s’élève aux alentours de 600F : elle est destinée au traitement «des deux vicaires régulièrement institués». En 1900, leur traitement s’élève à 1150F, en 1902 à 1200F avec une subvention de 750F de la mairie.
Les ministres du culte catholique à Sainte Sigolène reçoivent donc un traitement confortable. La visite pastorale de 1893 indique que le «total exact des ressources pécuniaires du vicaire (traitement, casuel, honoraires de messes ou fondations, indemnité de logement) du vicaire JALADE s’élève à 1400F." Ce montant est de 1700F pour Anselme ARSAC, neveu du curé BADIOU.
Les vicaires prennent part au casuel de la paroisse puisque «toutes les messes sont payées au prêtre qui les a acquittées».
C- L’établissement d’un troisième vicaire.
Au début du XIXème siècle, la paroisse de Sainte Sigolène ne dispose que d’un seul vicaire. L’étendue géographique et l’atomisation en hameaux de la paroisse nécessiteraient pourtant l’aide de deux assistants ecclésiastiques. En 1815, une délibération du conseil de la Fabrique réclame à la mairie de garantir «un traitement convenable à messieurs les vicaires de la paroisse». Il semblerait qu’une de ces deux personnes ne soit pas régulièrement autorisée. C’est seulement le 9 août 1821 que le préfet de la Haute-Loire accède «aux requêtes anciennes des habitants de Sainte Sigolène (1812)» et donne un accord favorable «à l’obtention d’un second vicaire à Sainte Sigolène». La «Fabrique» devait considérer comme vicaire, le clerc serviteur André QUITTAUD, dont nous déterminerons le rôle.
Trois raisons principales concourent à l’établissement d’un vicaire supplémentaire dans la paroisse : en 1821, le préfet reconnaît que «l’étendue de la succursale et les besoins des fidèles» exigent l’établissement d’un vicaire supplémentaire. L’évêque de Saint Flour développe le même argumentaire dans une lettre qu’il envoie au préfet de la Haute-Loire en novembre 1821 : «ces sortes de demandes doivent être dictées d’après la population, l’étendue de la succursale ; quelquefois aussi la position pénible de quelques villages fait qu’un desservant n’a pas assez de forces, ni même de temps pour visiter les malades et assister les mourants».
L’âge et l’infirmité du curé sont également pris en compte. Le 27 mai 1844, le conseil municipal demande l’établissement d’un troisième vicaire à Sainte Sigolène :
«Lorsqu’un curé ou desservant sera devenu par son âge et ses infirmités dans l’impuissance de remplir seul ses fonctions; il pourra demander un vicaire qui soit à la charge de la Fabrique et en cas d’insuffisance de son revenu, à la charge des habitants et avec le traitement tel qu’il est indiqué à l’article 49 du décret du 30 décembre 1809».
La paroisse devra patienter jusqu’en 1896 pour se voir doter d’un ministre du culte supplémentaire. En juin 1897 «le conseil municipal approuve de porter sur le budget communal de 1898 une somme de 750F destinée au traitement des vicaires et dont l’augmentation servira à assurer le traitement du troisième vicaire installé dans la commune depuis 18 mois».
Les vicaires ne sont pas les seuls auxiliaires du curé. Les prêtres habitués et les serviteurs de l’église paroissiale lui sont aussi d’un grand secours.
II- Les assistants du clergé paroissial.
A- Les subalternes : du «clerc serviteur» au prêtre en retraite.
Pour pallier aux problèmes logistiques que posait l’éclatement du village en une cinquantaine de hameaux, des clercs serviteurs étaient mis à la disposition du clergé local.
En 1817, un acte notarié rapporte «le contrat de fondation en faveur d’un clerc de l’église». L’ancien curé de Sainte Sigolène, Joseph du BAILLARD du CENOUX concède à un prêtre une maison et un jardin. Celui-ci sera «uniquement occupé au service de ladite église, obéira à monsieur le curé et vicaire en tout ce qui concerne le service divin, les accompagnera dans les villages de la paroisse lors de l’administration des sacrements et (....) enterrera les cadavres».
En 1864, le curé CUOQ note la présence d’un prêtre aux cotés de ses deux vicaires. Cet ecclésiastique peut être qualifié de prêtre habitué car il n’a pas la charge officielle d’une cure et d’une succursale. Ayant cessé d’exercer, il choisit de se retirer, probablement dans sa paroisse d’origine. La présence de François Benoît DELEAGE à Sainte Sigolène n’est pas marquée par une grande activité puisqu’il n’a pas la permission de dire la messe et ne touche rien du casuel.
A la fin du XIXème siècle, la multiplication des œuvres pastorales, des confréries et des catéchismes exigeait l’aide de nombreux assistants. La visite pastorale de 1893 mentionne les services d’un ecclésiastique en retraite dans la paroisse. Guillaume MOURIER, âgé de 64 ans s’est retiré à Sainte Sigolène après une carrière cléricale bien remplie : vicaire à Chaudeyrolles, Saint Bonnet-le-Froid, Saint Maurice de Roche puis Sainte Sigolène, il revient à Saint Bonnet-le-Froid pour prendre la tête de la paroisse. Le vicariat à Sainte Sigolène marque une étape importante dans son cursus puisqu’elle lui permet d’accéder enfin au rang de pasteur. Revenu en 1892 à Sainte Sigolène, il participe à la vie religieuse puisque le visiteur indique qu’il «dit la messe, confesse et fait le petit catéchisme».
Comme n’importe quel prêtre de la paroisse, il prend une part au casuel mais ne touche pas la même somme que le curé ou les vicaires : pour un enterrement d’enfant, le clerc reçoit 1F alors que les vicaires touchent trois plus. Pour assurer un salaire minimum au clerc, il est dit «que le casuel du clerc lui est toujours payé alors même que les cottes sont irrécouvrables ; on prend sur les comptes de la fabrique». D’après le compte de la fabrique de 1890, une allocation de 50F est effectivement versée au prêtre auxiliaire.
Toute une kyrielle de serviteurs, bénévoles ou rémunérés assurent l’entretien de l’église et le faste des cérémonies catholiques.
B- Les officiers de l’église et les assistants du clergé.
On trouve dans la colonne «gage des officiers» des comptes des Fabriques, le nombre d’officiers et de serviteurs de l’église paroissiale de Sainte Sigolène. Employés pour assurés la dignité du culte, ces laïcs sont rétribués par la Fabrique. En 1837, un clerc (sacristain), un suisse (garde et un peu maître de cérémonie en tenue colorée", un sonneur, un fossoyeur et quatre enfants de chœur servent l’église.
Le 12 janvier 1825, une ordonnance du roi Charles X préconise que «dans les communes rurales, les nominations et les révocations des chantres, sonneurs et sacristains seront faites par le curé, desservant ou vicaire : leur traitement continuera à être réglé par le conseil de Fabrique et payé par qui de droit».
Le sacristain est en charge d’une pièce annexe de l’église où sont déposés les vases sacrés, les ornements de l’église et c’est dans cette pièce que les prêtres se préparent pour les offices. Il possède les clefs de la sacristie et de l’église. Il est tenu de préparer la messe et de veiller à l’entretien de l’église. En 1864, le sacristain perçoit 40F de la Fabrique sachant qu’il a le droit «d’aller au domicile des habitants, solliciter des dons volontaires destinés à son salaire». Le compte de Fabrique 1900 indique que cet employé paroissial touche un revenu de 200F, ce qui semble être la norme pour une cure comme Sainte Sigolène.
Hormis cet employé, une sœur sacristaine est autorisée «à toucher les vases sacrés».
Au début du XIXème siècle, l’entretien de la sacristie était assuré par les Sœurs de Saint Joseph. En juillet 1812, le bureau des marguilliers décide d’accorder «à cette respectable congrégation», un bancs de 6 places «pour le zèle concernant la décoration de l’église et l’entretien de la sacristie». La congrégation devait aussi «blanchir, repasser et raccommoder le linge et les ornements de l’église, parer les trois principaux autels, la veille des dimanches et des fêtes solennelles et orner les reposoirs du jeudi et de la fête-Dieu ; enfin entretenir le feu de la lampe qui brûle devant le Très Saint Sacrement».
Le bedeau est un employé laïc spécialement chargé de précéder le clergé dans les cérémonies, de marcher devant les quêteurs, ... Le suisse, assistant du clergé paroissial en uniforme coloré, ouvre la marche au cortège des prêtres et doit veiller au bon déroulement des offices religieux. En 1846, il touche 65F puis au début du siècle 100F. Le sonneur, chargé d’assurer les sonneries religieuses comme civiles, voit son salaire évoluer vers la fin du XIXème siècle. Rémunéré en 1881 à hauteur de 25F, il percevra une somme de 380F en 1887. Certains employés devaient remplir plusieurs fonctions : il semble que le sonneur endosse la responsabilité de régisseur des chaises en 1895. Dans la décennie de 1890, l’installation d’un calorifère conduit à rétribuer un «chauffeur».
Les enfants de chœur participent au faste du culte. Selon les solennités, ils sont 2, 4 ou 6 et vêtus d’une soutane noire et rouge. Ils sont rétribués à hauteur de 30F de 1846 à 1902. Nous ne pouvons dire si par la suite certains enfants de chœur se vouaient à une vocation ecclésiastique. En effet, il n’est jamais mentionné dans les archives l’existence d’une manécanterie à Sainte Sigolène, structure préparant les enfants à la vie sacerdotale. Pourtant, en 1837, 7 séminaristes ou étudiants sont en résidence à Sainte Sigolène. Une école cléricale a pu exister dans cette terre de chrétienté, propice aux vocations ecclésiastiques.
Lors de sa visite pastorale de 1893, l’évêque du Puy regrette que la paroisse ne se soit pas encore dotée d’un harmonium. Un organiste prend place en 1900, après l’acquisition de l’instrument. Créée en 1850 à l’initiative du maire Camille DUGAS du VILLARD, la fanfare de Sainte Sigolène contribue pendant la moitié du XIXème siècle à l’éclat des cérémonies religieuses. Auguste RIVET souligne que «l’intention des fondateurs était artistique mais aussi politique, morale» et religieuse.
Pour la Toussaint de l’année 1888, la Semaine Religieuse indique que «la fanfare, heureusement ressuscitée, a voulu être aussi de la fête». En décembre 1906, «à la grand’messe, à l’occasion de la sainte Cécile, notre vaillante fanfare a fêté sa patronne. Comme d’habitude nos jeunes musiciens ont joué à la satisfaction générale». Aux grandes fêtes du calendrier liturgique, la participation des patronages et des associations musicales, paroissiales comme communales, contribue au cérémonial : pour la célébration de Noël 1906, «la fanfare, la chorale des patronages, les enfants des écoles et les chanteuses ont brillamment contribué à l’éclat de la fête». L’aspect visible de l’adhésion religieuse est manifestement soigné et cultivé par les prêtres de la paroisse.
Si des laïcs prennent soin de l’entretien matériel de l’édifice cultuel et du faste des cérémonies, des domestiques sont attachés au service du presbytère.
Personnage discret, la domestique du curé assure les tâches matérielles du presbytère et «se tient au premier rang des dévotes de la paroisse». Son existence est intimement liée à la vie quotidienne de la cure et plus globalement de la paroisse. En 1837, les domestiques du curé MENUT sont ses deux sœurs. Depuis 1887, Marie MONTMEAT est au service de l’abbé BADIOU. Il devait être avantageux d’être le neveu du prêtre puisque le vicaire ARSAC a également à sa disposition une domestique : en 1893, Marie MATHIEU, «âgée d’environ 50 ans» est au service du vicaire depuis 3 ans. Si cette charge impose une respectabilité et des mœurs irréprochables, l’âge de la servante est à prendre en considération : «si la servante est d’âge canonique, on l’accuse volontiers de vouloir régenter le curé ou la paroisse ; si elle est plus jeune (....) naissent rumeurs, calomnies, médisances ou plaintes, au nom de la morale outragée».
Pour assurer la pérennité des œuvres paroissiales, la paroisse sollicite périodiquement la générosité des fidèles. Si tous les paroissiens participent selon leurs moyens, le maire et le baron de Sainte Sigolène, Camille DUGAS du VILLARS, fait figure de bienfaiteur exemplaire et indispensable.
III- Les bienfaiteurs de la paroisse.
A- Un secours financier indispensable.
Pour financer les œuvres charitables qu’il érige ou compte ériger à Sainte Sigolène, le curé MENUT fait appel à la générosité des paroissiens. Après «avoir sacrifié son patrimoine» pour établir l’asile des orphelins, il «va frapper à la porte des principales maisons de sa paroisse». Si la famille du VILLARD se distingue par ses largesses, d’autres notables de la commune (ROBIN, SOVIGNET, CORNILLON, DURIEU, ...) «s’efforçaient de l’imiter». Pour les notables, le bienfait est un gage des respectabilité et d’honneur et, peut-être, l’expression d’une émulation entre les plus grosses fortunes de la commune.
Les notables ne sont pas les seuls à être mis à contribution. La mobilisation des paroissiens lors de la reconstruction de l’église avait été massive. Le curé BADIOU reconnaissait dans le geste des Sigolénois «une nouvelle preuve de la générosité des habitants de la paroisse». Par ses largesses, la population du village finance les œuvres pastorales et assure le faste des cérémonies. Le bienfait, quelque soit son montant, marque l’appartenance du villageois à l’entité paroissiale. Pour eux, la paroisse est bien plus qu’une simple délimitation géographique : c’est un espace affectif où chacun doit concourir à la bonne marche des œuvres.
DUGAS du VILLARD, par ses bienfaits incessants fait figure de donateur exemplaire.
B- Le baron DUGAS du VILLARD : «le père des pauvres et le bienfaiteur de la paroisse».
Installée dans la baronnie du Villard depuis le 30 décembre 1781, la famille DUGAS du VERNET est de tous les combat paroissiaux. Pendant tout le XIXème siècle, cette famille catholique zélée fera de son existence sigolénoise une œuvre perpétuelle de mécénat.
Dès son arrivée à Sainte Sigolène, Jacques DUGAS du VILLARD s’affirme comme le bienfaiteur de la paroisse. Le 13 Messidor, an XI de la République, Camille DUGAS demande une faveur spéciale à la municipalité :
«J’ai l’honneur de vous exposer que n’ayant point de tombeau dans le cimetière de la succursale de Sainte Sigolène, (....) je désirerais avoir votre agrément pour inhumer pour cette fois seulement, une fille âgée d’environ deux ans dans l’église de la succursale, à l’endroit qu’il vous plaira de désigner, sans aucune prétention pour l’avenir, m’offrant pour concourir d’une manière particulière aux réparations ou autres besoins de ladite église».
Le maire ROBIN et les adjoints municipaux donnent un accord de principe au fils du baron compte tenu «des dons que MM. Camille DUGAS et son père ont déjà faits pour les réparations de l’église paroissiale de notre commune et les offices généreux dudit Camille DUGAS au profit de la dite église». Même si le sous-préfet d’Yssingeaux refuse cette faveur, le lien qui se tisse entre la famille DUGAS du VILLARD et la paroisse ne cesse de se consolider.
Dans une délibération de la Fabrique datée de 1816, le curé MENUT exige qu’on «laisse à la postérité» l’œuvre bienfaitrice de Jacques DUGAS du VILLARD : «La paroisse doit à Monsieur DUGAS du VILLARD, le tribut de sa juste reconnaissance ; il fut dans tous les temps le père des pauvres, le protecteur des malheureux, le bienfaiteur de notre église et de la paroisse». Une liste impressionnante de dons et fondations de ladite baronnie est dressée à la fin de l’acte :
«Le don d’une chape (1801) ; le don de 96 livres fait à l’église de Sainte Sigolène en 1811 par monsieur DUGAS du VILLARD fils, maire de la commune, et 1100 livres par son père ; le don de 4 bouquets artificiels fait par ses trois enfants en 1812 ; celui de 4 soutanes rouges et 4 surplis fait pour les enfants de chœur en 1812, par Mme du VILLARD née du CHAILLON qui a légué 3000 livres aux orphelines ; le don de 240 livres pour le tabernacle du maître-autel, par monsieur DUGAS du VILLARD père ; le don d’une chasuble en camelot rouge fin et brodé par Mme DUGAS du VILLARD née du CHAILLON, en 1814.... ornement précieux parce qu’il est antique.
(....)
Plus de 10000 livres pour la maison des orphelines, par Mme DUGAS du VILLARD à la mort de son fils aimé, pour faire prier pour lui par ces enfants, (ces 10000 livres) ont été employées à la construction de ce monument de charité».
Lors de la reconstruction de l’église paroissiale, la baronnie verse la somme colossale de 8000F.
"L’évergétisme» de Jacques DUGAS du VILLARD envers la paroisse n’est pas vain puisque dès le début du XIXème siècle, le baron accède à la notoriété et surtout à la plus haute charge communale.
Parrain des œuvres paroissiales et mécène garantissant au clergé tout le faste nécessaire aux cérémonies du culte catholique, Camille DUGAS du VILLARD est un appui incontournable pour les prêtres de Sainte Sigolène. Ce catholique zélé fut aux commandes de la municipalité de 1807 à 1830. Son fils Jacques Camille DUGAS du VILLARD, remplira deux mandats de maire, de 1848 à 1860 et de 1870 à 1881 (refusant même de prolonger sa mission en 1881). L’alliance entre la mairie et le clergé paroissiale se scelle sur la présence de plus d’un demi siècle de la baronnie Dugas à l’hôtel de ville. C’est dans cette entente que l’on trouve un des fondements de l’unanimité paroissiale, phénomène qui singularise les pays de chrétienté comme l’Yssingelais. Le succès de la pastorale à Sainte Sigolène ne tient pas uniquement aux mérites personnels du clergé mais aussi au soutien inconditionnel d’un bon nombre de notables.
Le curé, aidé dans sa tâche par des assistants ecclésiastiques et laïcs, est le véritable maître du spirituel de la paroisse. La gestion du temporel revient quant à elle, à une institution comptable, la «FABRIQUE».
Le sujet suivant sera mis en ligne courant 1ère quinzaine de mai 2012.