Chapitre 1 : La paroisse comme horizon quotidien — Ensemble Paroissial Saint-Joseph en Velay

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Chapitre 1 : La paroisse comme horizon quotidien

Malgré les remous révolutionnaires, le diocèse du Puy en Velay reste un bloc de « bonne vitalité religieuse ». A l'élan restaurateur qui anime l'après-Révolution succède un réaménagement en profondeur du paysage paroissial. A Sainte Sigolène comme dans la majorité des paroisses rurales françaises, la construction de nouvelles églises et la translation du cimetière sont au coeur de ces mutations. La lutte pour l'émancipation paroissiale des Villettes sera l'un des principaux ressorts de la vie politique locale. Face aux bouleversements, les garants de la cohésion villageoise dénoncent les périls de la modernité.

L’intensité de la vie catholique en Haute-Loire est une donnée constante qui n’intéresse pas seulement le champ religieux mais aussi la vie quotidienne, la culture et la politique. A Sainte Sigolène, la Révolution n’a pas entamé l’attachement de la population à l’Eglise et à la Foi. Cet événement a plutôt été le révélateur de l’identité et de la singularité paroissiale d’un « îlot de chrétienté ».

1- Une restauration religieuse réussie

Il ne s’agit pas ici de retracer l’histoire de la Révolution française à Sainte Sigolène mais de montrer que cet événement n’a pas déstabilisé en profondeur la tradition religieuse. Même si les activités religieuses ont été retardées par le déficit des vocations sacerdotales, la célébration du culte catholique n’a pas été interrompue. Alors que la Limagne brivadoise adhère aux idéaux patriotes, le Velay oriental catholique reste « fidèle aux allégeances royalistes et contre-révolutionnaires ».


A- Sainte Sigolène, « la barrière du schisme ».

Aux yeux des habitants vellaves, « la Révolution apparaît comme la bête de l’Apocalypse ». Seule une grande partie de la noblesse, de la bourgeoisie et des artisans des villes du Velay était imprégnée des idées philosophiques du XVIIIème siècle, activement propagées par les loges maçonniques et par les « sociétés de pensée ».
A Sainte Sigolène-les-Bois la Révolution se heurtera à une forteresse de chrétienté, marquée par la très profonde religiosité des habitants. Même si la paroisse subissait « l’excitation de trois ou quatre sans-culottes », la Semaine religieuse du Puy en Velay juge en 1881 que « les ruines matérielles et morales faites par la Révolution ne furent pas bien considérables ». Le rédacteur de l’article en attribue le résultat aux prêtres de la paroisse. « Les solides enseignements du curé Chilhac, décédé en 1780, auraient préservé les fidèles de la contagion des funestes doctrines ». Bien que le curé Rochebonne prêtât serment à la Constitution civile du clergé, la présence des prêtres réfractaires Doutre et Menut permit d’assurer la célébration du culte.
Dans une lettre adressée au curé de Tence, datant de 1796, le prêtre Doutre atteste bien de l’état d’esprit qui anime les Sigolénois en ces temps troublés pour l’Eglise. Il ne tarit pas d’éloges pour sa « nouvelle patrie que ni la chair ni le sang ne me feront abandonner». Il qualifie Sainte Sigolène de « barrière du schisme et de bouclier de Saint Pal, Saint Didier, …. ». L’action clandestine qu’il mène au côté de Jean-Antoine Menut y est accueillie avec ferveur : « c’est une terre excellente où les travaux produisent au centuple ; les fidèles y sont fermes et les schismatiques chancellent ». La seule chose qui pose problème est que la paroisse est tenue par un prêtre constitutionnel mais il pense qu’en « ôtant les autorités, en les changeant de main, cette paroisse vaudra Saint Pal, que l’on comble d’éloges avec raison. »
Le zèle déployé par les prêtres réfractaires et par les fidèles sigolénois pour maintenir la célébration du culte catholique est la manifestation la plus flagrante de l’esprit de résistance de cette population.

 

 

Le mémoire que nous publions est truffé de citations, écrites en italique. Nous avons choisi de ne pas donner les références qui alourdiraient la présentation. Vous pouvez les retrouver dans le mémoire

La paroisse de Sainte Sigolène

face à la marche du siècle

(1801  --  1906)

par E.G.

 

 

 

B- L'esprit de résistance

 

Pendant la période du Directoire (octobre 1795 / novembre 1799), les offices religieux continuent à être célébrés les dimanches et jours de fête dans la paroisse de Sainte Sigolène. Pour parer à toute mauvaise surprise, des hommes et des jeunes gens s’y rendent avec leur fusil. La dispersion des hameaux sur le territoire de la commune offre un précieux secours pour les prêtres réfractaires (*1) " puisqu’ils «trouvent dans ces nombreux villages isolés des cachettes sûres, loin des autorités constituées et également des lieux propices à l’exercice du culte prohibé.»
Les archives paroissiales évoquent à plusieurs reprises les messes clandestines et les actes religieux accomplis dans le bourg et les villages. D’après un article écrit par le Curé de Sainte Sigolène en 1958, il est dit que «l’abbé Doutre maintint la foi vivante puisque son registre des baptêmes comprend à peu près tous les villages de la paroisse et quelques-uns d’alentour.»
Dans sa lettre de 1796, alors qu’il s’apprêtait à célébrer une messe dans une grange de la commune, un détachement de deux cents hommes fit irruption dans la maison où l’autel était dressé. Il insiste sur «le courage et la hardiesse» des fidèles qui montrèrent aux soldats qu’ils ne les craignaient pas. «Heureusement, dit-il, que je n’étais pas encore à l’autel lorsqu’on les vit arriver ; ils auraient été écharpés s’ils avaient essayé de m’en arracher».
Pour Michel Vovelle, c’est «à travers le refus et les luttes du peuple chrétien, que les aspects d’une sensibilité religieuse toute particulière se font jour». Au-delà de la résistance spirituelle, la célébration des messes prenait souvent la tournure d’une résistance armée. Cet unanimisme villageois dans l’hostilité au nouveau régime ne puise pas seulement dans un fonds religieux commun ; il est aussi motivé par l’opportunité offerte au paysan vellave de ne pas s’aligner sur les choix politiques des révolutionnaires.

Le maintien des offices à Sainte Sigolène, permis par la présence de plusieurs prêtres réfractaires, fait de la paroisse un lieu d’attraction pour les fidèles du canton de Monistrol. L’abbé Doutre évoque le nombre de catholiques monistroliens qui «courent en foule à Sainte Sigolène» et «qu’il a la douleur de renvoyer».
Un autre événement assoit la paroisse dans son rôle de perpétuation du libre exercice du culte. Au printemps 1796 devait avoir lieu le jubilé de Notre Dame du Puy. Devant l’impossibilité de se rendre à la cathédrale, Mgr. obtint du pape Paul VI un jubilé spécial, qui se tiendrait dans une partie du diocèse où tout contact avec les «schismatiques» serait évité. La réputation de grande religiosité qu’entretenait Sainte Sigolène arriva à Mgr l’Evêque et la messe eut lieu dans une prairie du village, près du hameau de St Romain. Lors de cette célébration, résistance spirituelle et résistance armée se confondent encore une fois. Certains fidèles «fusils en bandouillère, s’installèrent en haut de la colline alors que d’autres entouraient l’assistance». Cet épisode marque les esprits puisqu’au début du XXème siècle, on appelait encore la prairie «le pré de la  messe».
Les historiens de la Révolution attestent que c’est dans le monde rural que l’on trouve des îlots de chrétienté «voire des régions qui semblent n’avoir été qu’effleurées par la Révolution». Le poids du mental collectif et plus particulièrement du facteur religieux, débouche à Sainte Sigolène sur un refus ouvert au nouvel ordre social et les prêtres réfractaires, cachés et protégés ressortent grandis de cette épreuve.

*1     membres du clergé qui refusaient de prêter serment à la Constitution civile du clergé (*2)
*2    La loi sur la constitution civile du clergé votée le 12 juillet 1790 par l'Assemblée nationale constituante, devait remplacer le Concordat de 1516.
Elle visait à réorganiser en profondeur l'Église de France, transformant les prêtres paroissiaux en « fonctionnaires publics ecclésiastiques »

 

C- Le prestige du prêtre réfractaire


Sous l’Ancien Régime (l'Ancien Régime est la période de l'histoire de France qui va de la fin de la Renaissance à la Révolution française : XVIe - XVIIIe siècle), les villageois avaient une idée bien précise de la façon dont les prêtres devaient se comporter publiquement. Cela s’appliquait non seulement à la vie quotidienne du prêtre mais également à son rôle de porte-parole de la religion. L’énorme indignation populaire que suscite dans certaines régions la mise en application de la Constitution Civile du Clergé émerge dans quelques témoignages. Timothy Tackett évoque une lettre d’un curé de la Haute-Loire qui rapporte « l’épreuve subie par les prêtres jureurs dans une région où la population rejetait pleinement la Constitution Civile du Clergé». En effet la mise en pratique de la loi dans le département s’était révélée totalement désastreuse. L’Abbé Tavernier ayant eu recours aux archives diocésaines, relate que le 12 décembre 1790, Monseigneur de GALARD, évêque du Puy en Velay s’était insurgé dans une lettre pastorale contre les dangers que courait la religion avec l’application de cette loi : « Eclairé aujourd’hui par les progrès effrayants des maux de la religion, excité par le cri impérieux de notre conscience qui ne nous laisse plus de doute sur nos devoirs, nous ne différons plus (….) de vous ouvrir notre cœur flétri mais non abattu par l’affliction et la tristesse ». L’évêque du Puy était effrayé à l’idée de voir « son troupeau livré à des hommes sans mission, à des pasteurs intrus et mercenaires ».

Cependant à Sainte Sigolène, le curé ROCHEBONNE prêta serment à la Constitution Civile du Clergé. Remarquant que les prêtres jureurs étaient particulièrement nombreux dans la région de Monistrol/Loire, l’abbé P. Tavernier avance que ceci est dû « à l’influence du curé OLLIER de Monistrol qui, s’était déclaré un partisan fanatique des principes révolutionnaires et qui entraîna à sa suite presque tous ses confrères voisins.» Mais d’autres explications peuvent éclairer le choix fait par le curé ROCHEBONNE. Aux yeux de certains constitutionnels, les réformes étaient un retour à la religion primitive et redonnaient à la mission du clergé le caractère spirituel qu’elle avait perdu.

Soucieux d’hériter du culte de leurs ancêtres,  les paroissiens de Sainte Sigolène héroïsent les prêtres réfractaires et considèrent les jureurs comme des traîtres. Le 24 brumaire (correspondait à quelques jours près (selon l'année) à la période allant du 22 octobre au 20 novembre du calendrier grégorien) an XI de la République, une pétition, signée par le conseil municipal et par les habitants de Sainte Sigolène, exprime, « le désir intense de conserver pour pasteur (…) Jean DOUTRE, prêtre de ce diocèse que nous avons le bonheur de posséder depuis environ sept années ».  Le crédit accordé à Jean DOUTRE est à mettre en relation avec le prestige du prêtre réfractaire puisque les paroissiens se disent « pénétrés de la plus grande confiance à tout ce qui émane d’un prélat qui a si bien mérité ses vertus, sa religion, ses lumières, ses talents et ses choix de gouvernement pour ramener au bercail spirituel les esprits divisés d’opinion ». Les fidèles sigolénois n’étaient pas les seuls à reconnaître les vertus de l’abbé DOUTRE puisque celui-ci fut appelé par l’évêque de Saint Flour  pour prendre en charge l’administration du grand séminaire. Il continua son ascension ecclésiastique en devenant plus tard vicaire général.
Le curé constitutionnel ROCHEBONNE ne reçut évidemment pas le même traitement de faveur. Après la Révolution, celui qui « eut la faiblesse de prêté le serment à la Constitution Civile du Clergé » ne fut plus rien qu’une « loque méprisée des deux partis ». Il se rétracta en 1797 mais son autorité pastorale était fortement entamée. Le 30 janvier 1812, Jean ROCHEBONNE mourut « n’emportant ni l’estime ni les regrets de ses paroissiens », avec pour seul mérite de ne pas avoir dénoncé la présence de l’Abbé DOUTRE.

En abandonnant l’ancienne division de l’espace en paroisses, la Révolution a sapé l’un des fondements de l’ancienne chrétienté rurale. L’union de la religion catholique et de la communauté villageoise se réalise au sein d’un univers mental et d’un ensemble de comportements sociaux et psychologiques. Pour les prêtres de Sainte Sigolène du XIXème siècle, une compréhension exacte de l’esprit public est la clef d’une réussite pastorale mise à mal par la dissociation de la commune et de la paroisse.

 

 

II- L'esprit de localité

 

Pour comprendre le fonctionnement d'une société villageoise, il faut d'abord analyser les éléments qui forgent le tempérament des habitants. A l'image de beaucoup de campagnes de l'Yssingelais, Sainte Sigolène sort quelque peu du cloisonnement imposé par la vie rurale avec l'élan de modernité insufflé par le développement de la passementerie au milieu du XIX ème siècle. La sensibilité avec laquelle la population appréhende l'actualité et "l'esprit public" de la population nous permettront de caractériser la singularité de Sainte Sigolène.

 

A- Le cloisonnement extrême de la vie rurale : un climat propice au traditionnalisme.


Le Velay oriental est une zone située à l’est de la Loire, délimitée à l’ouest par la chaîne du Meygal, à l’est et au sud par les chaînes des Boutières et du Mézenc. L’Yssingelais se compose essentiellement d’un vaste plateau volcanique et granitique d’une altitude de 800 à 1000 mètres.  En 1808, les sous-préfet d’Yssingeaux dresse l’état des succursales de son arrondissement et constate l’isolement géographique de Sainte Sigolène : «C’est une commune très éloignée du chef-lieu dans un pays coupé de ravins, de gorges et dont les communications sont pénibles».
L’organisation communautaire à Sainte Sigolène et plus généralement dans le Velay oriental est marquée par une zone d’habitats dispersés. Le sous-préfet répertorie pour la paroisse sigolénoise, 49 hameaux, sans prendre en compte les fermes isolées. Grâce aux listes nominatives des habitants en 1846, on peut donner un aperçu chiffré de la répartition spatiale. Sur une population totale de 3215 habitants, 77,6% des Sigolénois se répartissent dans les hameaux alors que le bourg ne concentre que 22,4% des habitants. Cette atomisation des hameaux renforce l’isolement que connaissent les campagnards. Ils se trouvent éloignés des courants d’influences et des idées qui circulent en ville.
En prenant garde de ne pas tomber dans le déterminisme, Gilles Charreyron remarque que les montagnes du Velay entretiennent un certain isolement, propice au conservatisme.
Le cloisonnement de la vie rurale est au début de XIXème siècle l’une des caractéristiques majeures de l’existence paysanne. Ce peuplement dispersé, joint à l’activité agricole de subsistance, contribue au renforcement du lien communautaire. Les relations familiales, de voisinage et d’amitié se tissent au sein des hameaux. Marqués par ce ferment d’unité, les hameaux sont de «véritables subdivisions du village». La société rurale reste cependant inégalitaire et profondément hiérarchisée. La vie des habitants s’organise autour des domaines de grands propriétaires, influents dans la communauté villageoise.
Le développement notoire de la passementerie au milieu du XIXème siècle suscite une nouvelle donne, tant au niveau de l’organisation de l’espace qu’au plan économique et social.

 

B- La modernité industrielle, un facteur de changement

 

Pour comprendre comment le Curé de Sainte Sigolène dispense sa pastorale au cours du XIX ème siècle, il faut approcher l’environnement économique et humain où il évolue.
Jusqu’à la moitié du siècle, les Sigolénois vivaient essentiellement de l’agriculture. Le seigle était la céréale principale de l’arrondissement d’Yssingeaux. Base de l’alimentation avec la pomme de terre, sa production restait insuffisante pour subvenir à tous les besoins des familles souvent nombreuses. Pour chaque famille, les surfaces cultivées étaient réduites et les engrais inconnus.
La population rurale trouve dans le double emploi (agriculture et passementerie) la possibilité de se procurer un revenu complémentaire et du numéraire pour faire face aux impositions et aux charges. En se tournant vers l’industrie à domicile, les habitants instituent « un genre de vie mixte, une sorte de bi-activité qui associait dans le cadre familial les activités des champs en été, le tissage du chanvre, du lin puis de la soie en hiver » commente une sigolénoise, Laurence Vialleton, dans son mémoire « De la passementerie à la transformation des matières plastiques ».
En 1851, le nombre de Sigolénois vivant directement ou indirectement de la passementerie est supérieur à celui des agriculteurs et il se dégage une forte prédominance de la main d’œuvre féminine. Par la suite, on observe une forte augmentation de la population masculine rubanière. Les revenus octroyés par le travail du ruban représentent dès lors la part la plus importante. L’agriculture devient l’activité complémentaire. Dans la décennie 1880, un exode citadin en provenance de Saint Etienne s’amorce et s’accélère avec l’électrification du bourg en 1901. L’attrait du double salaire semble avoir été la cause principale du développement de la passementerie.
On peut lire dans « Le Tisseur », journal chrétien indépendant fondé à Saint Etienne en 1897, que « l’ouvrier de Ste Sigolène possède tous les avantages sur celui de la ville. Son coin de terre suffit à la nourriture et le produit de son travail de passementerie permet l’achat des vêtements ». L’essor constant de la rubanerie et la venue massive des citadins occasionnent alors une nouvelle distribution de l’espace sigolénois.


Années    Population                    Population           Population
              agglomérée                  éparse                 totale
--------------------------------------------------------------------------------------
1846       720      22,4%             2496                    77,6%       3215

1872       930      31,5%             2018                    68,5%       2948

1886       1260    33,70%            2484                   66,3%        3744

Evolution de la population agglomérée et de la population éparse entre 1846 et 1886.


Même si les 2/3 de la population se répartissent dans les hameaux en 1886, le tableau permet de visualiser le mouvement de concentration des habitants en direction du bourg qui s’opère à la fin du XIX ème siècle (de 22,4% à 33,7%). En 1906, la structure  villageoise et le visage du bourg sont complètement bouleversés dans une commune qui comptabilise  4958 habitants.

L’introduction de la rubanerie à Sainte Sigolène a marqué une nouvelle ère pour le village, placé dans le giron de la Fabrique stéphanoise. Rythmé par le bruit des métiers, la vie des passementiers s’avère difficile tant ils sont exploités par les fabricants. Imprégnés d’un esprit dévoué et travailleur, les Sigolénois sont pris d’une certaine inertie sociale. Cette tendance à l’immobilisme est illustrée par la faible adhésion des tisseurs à la Chambre syndicale des passementiers créée par Jean Masson en 1893 pour « la défense des intérêts des tisseurs sigolénois ». La Préfecture note que le syndicat « fonctionne bien » et « qu’il est assez actif » mais son recrutement laisse à désirer. Alors qu’on recense 1500 passementiers en 1900, seulement 214 d’entre eux versent une cotisation annuelle, soit 14,2%.

Pour Philippe Boutry, « dès lors que l’on s’efforce de comprendre l’histoire des populations du XIX ème siècle, apparaît la question du tempérament ». Passé outre à cette recommandation serait perdre une des clefs de la compréhension du cadre paroissial.

 

 

C- La singularité paroissiale

 

Avant d’en venir à la particularité de la paroisse de Sainte Sigolène, il faut montrer que les habitants sont imprégnés de l’héritage culturel du Velay oriental. Gilles Charreyron relève que « les sources de traditions culturelles et politiques sont à chercher dans la crise révolutionnaire de 1789, grand moment structurant des attitudes politiques. » Des faits plus lointains façonnent également les mentalités comme les missions évangéliques de Saint François Régis ou l’institution des Béates.
Les rapports du Sous-Préfet d’Yssingeaux permettent de mieux appréhender ce qu’il appelle « la situation morale » et « l’esprit public » qui animent les habitants du département. Le 30 septembre 1843, il écrit :

« La masse de la population, conservatrice par habitude, par éducation, par principe, est soumise aux lois, confiante dans l’autorité, ennemie de tout ce qui tend à compromettre et à troubler la tranquillité générale. L’esprit est monarchique et religieux. La haute influence appartient à l’aristocratie et au clergé ».

Près de 40 ans auparavant, cet état d’esprit se manifestait autour de l’engouement suscité par les fêtes napoléoniennes. Le Consulat et l’Empire ont essayé de substituer aux fêtes révolutionnaires disparues, des fêtes célébrant le souverain. Le 2 décembre 1804, Napoléon est couronné Empereur, c’est la fête du sacre. Dans cette célébration, il y a certes une cérémonie religieuse, mais aussi une création musicale (Te Deum de Parsielles) et une partie d’inspiration républicaine dans laquelle il s’accorde à maintenir le territoire de la République et à faire respecter l’égalité des droits.
A Sainte Sigolène, le maire relate avec quelle « joie et dévouement », les habitants, « ont montré beaucoup de manifestations à l’égard de la personne sacrée et de sa Majesté l’Empereur ». L’instauration des fêtes nationales, conseillé à Napoléon par le ministre des cultes, Portalis, évoque les victoires, les baptêmes, les panthéonisations. Dans la paroisse, le maire DUGAS du VILLARD rapporte que le « Te Deum a été chanté en action de grâce » pour la fête anniversaire de Napoléon (19 février 1806) et que le « consentement a été le plus grand pour la fête du Baptême impérial (9 juin 1811) ».
Les rapports des officiers publics du canton de Monistrol/Loire abordent souvent le conservatisme, l’apolitisme de la population et leur « dévotion » à l’ordre religieux. Le commissaire de police nationale de Monistrol/Loire écrit le 30 juin 1856 :

« L’esprit public au point de vue politique est presque nul dans les masses de la population, sans distinction de rang et de fortune. Ils aiment le gouvernement et sa majesté, ils savent l’apprécier. Leurs goûts sont tout simples. Ils sont généralement dévoués à l’ordre religieux. »

L’adjoint Poinas, dans un rapport sur Sainte Sigolène daté du 23 avril 1856, abonde dans le même sens que son supérieur en ce qui concerne la soumission aux autorités mais constate qu’en réalité « il n’y a pas d’humanité, il y a de la cupidité et il y a un avide penchant pour l’oisiveté et l’ivrognerie » et que, de fait, la dévotion n’implique pas forcément la stricte observance des vertus chrétiennes.

Tout au long du XIXème siècle, les pasteurs de Sainte Sigolène s’accordent à reconnaître le statut de « bon pays » de la paroisse. Les tournées pastorales de l’évêque du Puy en Velay, relatées dans la « Semaine religieuse », n’ont de cesse de rappeler que Sainte Sigolène est « une des meilleures paroisses du diocèse ». Le 20 septembre 1896, lors des noces d’or du Père BADIOU, le prêtre célèbre à l’église paroissiale ses 50 ans de prêtrise et sa 35 ème année de curé à Ste Sigolène. Dans le discours de remerciements qu’il prononce pour son jubilé sacerdotal, le Père Badiou qui est également chanoine honoraire de Notre Dame du Puy, tient à saluer les fidèles de la paroisse :

«  S’il est fait un peu de bien à Sainte Sigolène c’est grâce au bon esprit, à la docilité, à la piété, à la gentillesse inépuisable de mes paroissiens ; je n’ai fait que les suivre de loin dans la voie du sacrifice ».

Il est bien évident que si la religiosité des Sigolénois est maintes fois mise en exergue, quelques habitants se tiennent en marge de l’Eglise. L’Echo paroissial dénonce par exemple les exactions de « ses apaches » qui tournent en dérision la fête-Dieu au début du XX ème siècle.

Même si toute paroisse est particulière, Sainte Sigolène s’inscrit parfaitement dans le cadre de l’Yssingelais, fidèle aussi bien à l’Eglise qu’aux autorités civiles. La confrontation des archives civiles et religieuses le démontre bien. Les campagnes vellaves marquent leur attachement au christianisme par un patrimoine monumental riche en symboles religieux.

 

 

III- Un îlot de chrétienté

 

A- Une campagne hérissée de croix

 

En meublant et en sacralisant le paysage rural, l’Eglise a voulu symboliser la prise de possession du sol par Dieu. Monuments religieux et enclos sacrés s’éparpillent ainsi dans tout le village et constituent autant de lieux de culte.

Signes sensibles de la piété populaire, non par leur esthétique mais par leur fréquence, les croix expriment de manière visible la présence de Dieu dans la vie quotidienne des hommes. Visibles dans les cimetières, à la croisée des chemins, au cœur des hameaux, édifiées par la volonté d’une communauté ou d’un particulier, les croix sont autant de signes d’un attachement séculier à la religion. Le bourg et la campagne de Sainte Sigolène ne dérogent pas à la règle ; les croix sont soit héritées des périodes précédentes, soient érigées au XIXème siècle.
La condamnation de Jésus, sa Passion et sa mort au Golgotha font de la croix l’emblème et l’un des signes de reconnaissance propre à toute la chrétienté. Jean Chaize note  que « la croix ne s’est pas imposée d’emblée puisque la religion nouvelle n’apportait avec elle aucune technique, aucun art nouveau et se manifestait seulement par son aspect moral.» La découverte de la croix instaure une nouvelle ère marquée par l’apparition des croix monumentales. L’empereur romain Constantin fut le premier à ériger une croix sur le rocher du Golgotha. Après les conférences de Milan, ce symbole se répand en Orient : à Byzance, il apparaît derrière les autels et dans les rues. Au VI ème siècle, l’Italie adopte la croix en tant qu’objet mobilier. Au XI ème siècle, les pays du Nord comme la Bretagne, retaille leur menhir ; tout semble prêt pour généraliser l’érection de ces monuments cultuels.
Pendant la Révolution et plus particulièrement la Terreur, une déchristianisation destructrice vise à faire table rase du « fanatisme et de la superstition ». La religion est ainsi prise à partie par le déracinement des croix. A Sainte Sigolène, «rétablir les croix que la Révolution avait abattues et en placer de nouvelles» fut une des missions majeures de l’œuvre de restauration menée par le curé Menut.

Les fondateurs des croix veulent avant tout répandre la dévotion au Crucifié. En faisant le lien entre l’homme et Dieu, toute croix invite la pensée à se fixer sur la réalité de la présence divine et le mystère de la Rédemption ; elle joue un rôle important  dans le conditionnement des habitants.  Elle sollicite les gestes du respect  et de la prière. Beaucoup de paroissiens se signent en passant devant une croix. D’ailleurs, le caractère sacré de la croix se traduit à travers son statut juridique : considéré comme un objet béni, celui qui détruit une croix est coupable de profanation.
Assurant « la protection divine pour le village, les champs et les voyageurs », la croix fait côtoyer au sein du sentiment religieux l’obsession magique. La croix marque par exemple le parcours de la Fête-Dieu ou des Rogations : dans les comptes de la Fabrique de 1850, il est signalé « l’érection d’une croix pour la station des rogations de Saint Romain ». En 1880, le « transfert de la croix pour la station des processions dominicales » est réalisé. Toute croix est un point de ralliement pour la vie religieuse mais aussi un centre de la vie sociale. L’emplacement des croix répond donc à plusieurs considérations, géographiques, religieuses, ou sociales.
Nous ne chercherons pas à catégoriser toutes les croix de Sainte Sigolène mais à montrer, à partir de quelques exemples, les fonctions dévolues aux croix.

a- Croix de bourg et de hameaux.

 

Les croix de bourg comme celles des hameaux sont l’expression des actes de foi de la communauté. Elles ont pour but la protection du village et des maisons contre les fléaux naturels ou humains. Lieux de recueillement, ces croix deviennent en l’absence d’église, le centre spirituel du hameau. La croix des Taillas, de la Rouchouse ou encore celle de Veyrines peuvent être répertoriées dans cette catégorie..

La croix du bourg était située sur la place principale du village, à proximité du cœur de la vie paroissiale, l’église. Cette croix invitait les fidèles  au respect avant qu’ils ne pénètrent dans le lieu de culte. Si les croix de cimetière placent sous la garde divine la communauté des morts, la croix de place tient un rôle protecteur pour les vivants.

                     Les Taillas

 
b- Les croix de chemins et de carrefours.



 

Les croix de chemins et de carrefours sont les plus représentées dans la paroisse de Sainte Sigolène puisque l’emplacement choisi détermine une limite ou un droit. Le point de repère utile au bord d’une voie, s’avère indispensable aux croisements. La croix guide le voyageur et bénéficie, jusqu’au XIV ème siècle, au même titre que l’église du droit d’asile. Au concile de Clermont en 1905 présidé par Urbain II, il est décrété que « quiconque, pour s’échapper à la poursuite de ses ennemis demande refuge à une croix, sera aussi intangible que s’il avait gagné une église. »

                                                                                                       Crossac          

                                                                                                       
Le besoin naturel de protection contre l’inconnu et les mauvaises rencontres, l’utilité de points de repères durables et le désir de mettre les champs sous la protection divine ont multiplié les croix sur les routes et les chemins.

La croix du Crouzet ou celle située à l’entrée du hameau de Veyrines comme celle de Crossac peuvent être répertoriées comme croix de chemin.
 



c- Les croix sur la voie des morts.

 

Lorsqu’un décès survenait dans un village, le corps était pris en charge par des porteurs jusqu’à l’église paroissiale. Sur le parcours immuable pour chaque hameau, des haltes étaient aménagées. Lors des funérailles, des porteurs se relayaient en déposant le cercueil sur la table formée par le pied de la croix et élargie par le fait que le fût est décentré. Ainsi les habitants des Villettes devaient marquer une pose sur la voie des morts à la croix dite "de Vassal" à proximité de Fey, qui possède à l'avant une assise suffisamment large pour recevoir le cercueil.
 

 

 

                                                                                                croix Vassal

 

d- Les croix commémoratives

Les croix de commémoration ont de multiples raisons de voir le jour. Au fil des générations, l’origine de l’érection de bon nombre de monuments isolés s’est évanouie. Elles peuvent aussi bien commémorer un événement que le souvenir d’un habitant.

Calvaire

 

A Reveyrolles, une croix datant de 1809 est dédiée à la mémoire de Jean Baptiste Fournel. On doit y joindre la longue liste de croix érigées à l’issue d’une mission paroissiale. La Semaine religieuse de 1881 nous apprend que le Calvaire a été érigé le 3 mai 1832 à la suite d’une « mission » dirigée « par le recteur de la maison de Vals, le révérend Père Guilhermet. »
L’empreinte visible de la religion s’inscrit dans le paysage paroissial par d’autres monuments tels que les oratoires et les chapelles.

 

 

 

8B- Chapelles et oratoires

 


L’approche du patrimoine monumental sigolénois, incluant chapelles, oratoires et maisons d’assemblée, est à mettre en lien avec la carte suivante. En 1882, le ministère des cultes rappelle au préfet de la Haute-Loire que la législation concordataire a conféré à chaque lieu de culte un titre qui varie suivant l’usage, public ou privé, qu’il est convenu d’en faire :
«Monsieur le Préfet, vous n’ignorez pas qu’aux termes de notre législation concordataire (....) ainsi que l’article 294 du Code Pénal, l’exercice du culte catholique obtienne simultanément avec son institution canonique un véritable état civil.
Les décrets rendus en cette matière confèrent à chaque lieu de culte un titre qui varie selon les besoins auxquels il est destiné à faire face. Ces titres sont au nombre de cinq :
1- La cure : correspond en principe au chef-lieu d’un canton.
2- La succursale : comprend une ou plusieurs communes rurales, un ou plusieurs quartiers de ville.
3- La chapelle est accordée à la commune qui, réunie à une autre pour le culte, désire recouvrer ou acquérir l’autonomie religieuse.
4- L’oratoire public, jadis appelé annexe et actuellement chapelle de secours, à une section, un hameau ou un quartier de ville distant du chef-lieu paroissial.
5- Enfin, l’oratoire privé, à une agrégation d’habitants réunis dans un intérêt communal, industriel, scolaire.».

 

On recense quatre chapelles à Sainte Sigolène.
 
La chapelle privée du Villard, encore visible actuellement, était la propriété de la baronnie Royraud puis de la famille Dugas du Villard, châtelain de Sainte Sigolène. Cette chapelle domestique a été construite en 1644 par Mme de Damas. En 1813, Dugas du Villard, qui est aussi maire de la commune, envoie une lettre à la préfecture pour que soit célébré le culte catholique dans la chapelle du Villard. «Attendu l’éloignement de la paroisse, le grand âge du pétitionnaire (....) et l’occasion pour les habitants dudit lieu d’y faire célébrer l’office» le préfet répond favorablement à la requête. S’il est certain que le rang social du demandeur a joué dans la décision, cela permet au hameau du Villard d’avoir une organisation religieuse bien à lui. Bien qu’il manque une organisation juridique au hameau, la chapelle a pu devenir le symbole d’une certaine cohérence de la communauté. En 1878, la chapelle est érigée en chapelle domestique. Elle est pourvue de tous «les objets nécessaires pour la décence du culte» et d’un chapelain attitré, l’abbé Oudin.

L’existence de la chapelle de Notre Dame des Anges est attestée en 1819 mais son érection semble remonter à des temps plus anciens. En effet, le 14 février 1819, la mairie acquiert «la place où se trouve la chapelle érigée sous le vocable de Notre Dame des Anges». Cette acquisition apparaît d’autant plus agréable aux Sigolénois «qu’elle était le seul moyen de conserver la chapelle ... et de propager le culte et la vénération qu’ont pour cette Sainte tous les habitants de la commune». Le projet est d’ailleurs salué par le desservant (curé) Menut car selon lui, toute la paroisse réclamait la restauration de «cette très ancienne chapelle consacrée à l’honneur de la patronne de la France».
Antoine Henri Menut indique que «c’est à cet oratoire que 2400 Français se rendent processionnellement tous les ans et aux époques les plus mémorables et vont adresser leurs vœux au Ciel pour la postérité de la France».
L’attachement des paroissiens à cette chapelle reflète bien l’esprit de localité évoqué précédemment.

La chapelle des Pénitents blancs a dû être construite peu après la fondation de la confrérie, au milieu du XVIIème siècle. Après avoir servi de lieu de culte provisoire lors de la reconstruction de l’église paroissiale, la mairie démolit l’édifice au début du XXème siècle.

Deux oratoires marquent le paysage paroissial. L’un se situe à Saint Léger, l’autre dans le bourg, dédié à Sainte Sigolène.

L’oratoire de sainte Sigolène se trouve près de «l’hôpital», à proximité du lotissement du «Clos de la Source».

En 1675, les Tablettes du Velay publiaient une pétition adressée à l’évêque du Puy, signée par les notables de Sainte Sigolène «au nom de tous les paroissiens» : «... depuis une année plusieurs malades, fébricitants, hydropiques, impotents et autres affligés de maladies auraient reçu du soulagement en la fontaine appelée vulgairement la fontaine de Sainte Sigolène.» située tout près du lotissement Clos de la Ssource. Pour propager le culte de la sainte, ils souhaitent ériger une chapelle sous le vocable de Sainte Sigolène. L’évêque accède à leur demande en 1760 ; le curé Chillac évoque dans ses écrits «la petite chapelle de Sainte Sigolène». La déchristianisation de l’espace, entrepris lors de la Révolution, semble avoir eu raison de la chapelle puisqu’au XIXème siècle il n’est plus fait mention de chapelle mais d’oratoire. En 1881, un article sur les fontaines miraculeuses paraît dans la «Semaine Religieuse». Le curé Badiou qui rédige l’article note que «beaucoup de mères y portent encore de nos jours leurs enfants et y perpétuent la tradition qui s’est transmise de siècle en siècle jusqu’à nous».

Le folkloriste Boudon-Lashermes évoque cette fontaine «qui aurait pour effet de faire marcher d’aplomb les nouveaux-nés». Il est clair que cet oratoire succède à un culte païen (vertus curatives de l’eau) où une dévotion à Sainte Sigolène se mêle à de la superstition.

A St Léger, les habitants se prêtaient aux mêmes types de pratiques que celles décrites pour l’oratoire de Sainte Sigolène. Dans l’espoir de voir marcher rapidement leur progéniture, les parents emmenaient le nouveau-né à l’oratoire et faisaient le tour de celui-ci en récitant des prières.

Des récits populaires liés à des sites mégalithiques (cupules, empreintes, .... ) portent des noms évocateurs comme «le pied de l’ange» à Cherblanc.
D’autres signes comme les croix sculptées sur les linteaux des portes de maisons, évoquent l’appartenance des paroissiens à une terre de chrétienté.

 

8C- Les maisons de Béates

Il ne s’agit pas ici de développer le rôle et les fonctions sociales des béates à Sainte Sigolène  mais de montrer qu’elles s’inscrivent fortement dans l’espace paroissial avec au moins 9 maisons d’assemblée (voir annexe III ci-dessus). L’atomisation des hameaux rend difficile l’accès des enfants aux écoles situées dans le bourg ; les maisons de Béates tendent à pallier cet isolement et apportent à une population rurale l’enseignement du catéchisme et les rudiments de la lecture et de l’écriture.


On voit grâce à la photo que les maisons d’assemblée sont aisément reconnaissables souvent isolées des autres maisons du hameau. L’inspecteur académique de la Haute-Loire écrit en 1902 que «cette petite maison se distingue des autres par l’absence des annexes obligées de toute habitation rurale (grange, écurie, etc, ...)". Elle est généralement  surmontée d’un petit clocheton qui permettait à la Béate d’annoncer l’heure de la prière et de l’Angélus ainsi que l’heure de l’école aux habitants du hameau.

Même si la béate ne prononce pas de vœux, elle doit obéir à des règles de vie stricte : pauvreté, chasteté et obéissance. De fait, la maison d'assemblée est réduite au strict minimum avec une pièce pour son logement et une pièce pour l'accueil des habitants, qui est aussi utilisée comme salle de classe et de réunions. La venue d'une béate émane de la volonté des habitants d'un hameau. Si des personnes du village étaient aisées financièrement, la béate pouvait bénéficier d'une maison d'assemblée plus accuiellante comme par exemple celle du hameau de la Bâtie.

 

Après avoir dressé le cadre géographique, humain, culturel et économique dans  lequel évoluent les habitants de Sainte Sigolène, il faut retracer les évolutions qui ont marqué le cadre paroissial au cours du XIX ème siècle.

 




Plus d’informations seront données sur les Béates dans la suite du dossier.
 

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